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Témoigner d’une expérience, partager des épreuves

Invités par la bien belle association Itinérience&co, Mélanie et Philippe ont été reçus à Angers ce samedi pour présenter Surtout, ne fermez pas la porte en sortant, échanger sur ce projet d’écriture à sept mains, et surtout partager des histoires de souffrance au travail passées et présentes.

Chaleureusement accueillis par Michelle Hardouin, Emmanuel Gratton et les membres de l’association, nous avons vécu un moment intensément humain, nous qui trainions dans nos galoches une si moche histoire.

Nous avons commencé par une lecture mosaïque de quelques extraits du livre qui, entendus à voix haute, retiennent les émotions au fond de la gorge pour les un·es et font couler des larmes sur les joues des autres. Car cette histoire de pratiques de management pathogène n’est pas seulement triste et tragique, ce n’est d’ailleurs pas qu’une histoire, mais une histoire de vie que nombre de professionnels du soin et de l’éducation vivent aujourd’hui.

Quarante-eux personnes face à nous, au bistrot Le Garage (salle comble !) à Angers, pour échanger sur les différents thèmes qu’ont inspiré ce livre dans une grande fluidité, et avec sensibilité :

  • Pourquoi sommes-nous restés dans cette institution ?
  • S’autoriser l’effondrement.
  • Les conséquences sur la santé des violences subies.
  • Les conditions favorisant l’installation d’un management violent.
  • Les effets de l’écriture collective.

Nous retenons de cet exercice la rencontre avec une multitude de solitudes, pour le meilleur et pour le pire. Tout d’abord, parce qu’avec la publication de ce livre et dans ces échanges, l’on entend (enfin !) « Ah, nous comprenons mieux ce que vous avez vécu ! », mais aussi parce que trop nombreux sont celles et ceux qui restent seuls avec leurs burnout, même anciens, et leur sentiment d’impuissance.

Ainsi, cette violence au travail n’est pas banale, dans sa singularité, et parce que d’autres professionnel·les la subissent, trop souvent en silence. L’écrire et la parler affaiblit notre isolement grâce à l’intérêt inespéré des lecteurs et lectrices, et grâce à l’expression sur nos expériences douloureuses que cette rencontre a permise.

Si ce livre pouvait, sinon soulager nos blessures, au moins réunir les personnes victimes du management maltraitant et de ceux qui le pratiquent sans vergogne. S’il pouvait, sinon réparer cette injustice, au moins faire tomber de son piédestal ce sentiment d’impuissance face à cette violence et sa banalisation. S’il pouvait au moins nous rendre nos voix et notre capacité d’expression pour témoigner de ces expériences, et, rêvons un peu, tôt ou tard faire taire et enterrer ces pratiques.

Mélanie, co-auteure de Surtout, ne fermez pas la porte en sortant