Des échos des ateliers

Mon travail le dimanche

Retour sur l’atelier DireLeTravail qui s’est déroulé à Paris le lundi 9 mars.


Comment travaille-t-on quand on n’est pas censé travailler, ou du moins quand la plupart des autres ne travaillent pas ? Où va se nicher le travail le dimanche ?

Des fois il est là, pour de bon. Il faut se lever pour y aller, faire les mêmes gestes qu’un jour de semaine. On voit que c’est un jour particulier, parce que d’autres ne se lèvent pas, parce que l’ambiance dans les rues est plus calme, parce que l’état d’esprit des patients, des usagers, des clients est différent. Peut-être même travaille-t-on mieux, en étant moins sous tension ?

Des fois il est là, parce qu’il s’impose. Sinon on va être en retard. Sinon la semaine va être intenable. Sinon on aura des scrupules. Alors on le fait en cachette, parce que c’est du temps dérobé aux autres, aux proches. Mais on le fait aussi un peu plus tranquillement.

Et puis il y a le travail pour soi, domestique comme on dit. Aller au marché, cuisiner, nettoyer, ranger, repasser : c’est du travail, non ? Si on ne le fait pas le dimanche, ce sera pour quand ?

Et puis il y a le travail dans la tête, toujours un peu là. Le travail dans les conversations, les repas de famille, les rencontres amicales. Et au boulot, ça va ? Oui, mais là, on est dimanche.

Nous, nous étions un lundi soir, après le travail. Nous en avons parlé, nous l’avons écrit. Ce fut un peu ardu, avec une proposition en deux temps : une première scène, pour décrire comment je me mets au travail le dimanche ; puis la même scène racontée par un autre personnage observant la scène, ou bien un narrateur extérieur, omniscient. Curieux tout de même de constater qu’on parle davantage de soi en empruntant les mots d’un autre !

Nous avons terminé par quelques aphorismes : travailler le dimanche, c’est ne pas se laisser avoir par le dimanche ; mon travail le dimanche, c’est parce que je le veux bien ; mon travail le dimanche, c’est pour en avoir moins la semaine ; mon travail le dimanche, c’est pesant et léger à la fois.

Bonne semaine à tous !

Patrice Bride