Marianne Bride est directrice d’un Centre Petite enfance au Québec.
Je crois beaucoup au système de services de garde au Québec. Je travaille depuis 25 ans avec les enfants de 0 à 5 ans et je vois au fil du temps tout le bien qu’il fait aux enfants d’une part, aux familles d’autre part. C’est une des raisons qui m’ont décidée à devenir directrice générale d’un Centre Petite Enfance (CPE), il y a peu de temps. Quand j’ai eu le poste, je me suis dit : « Enfin, je vais pouvoir prendre moi-même des décisions pour le bien des enfants. »
Prendre des décisions
Il y a trois mois, en avril, un évènement a eu lieu.
Au CPE, on a des places réservées pour les enfants qui ont des besoins particuliers (orthophonie, ergothérapie, etc.). Ils sont prioritaires dans les listes d’attente, parce qu’on sait que l’inclusion dans un milieu avec d’autres enfants et des éducatrices formées leur font faire des bonds de géant. Leur donner une éducation de qualité dès leur plus jeune âge, c’est leur donner un tremplin pour être mieux à l’école et partout ailleurs ensuite. Ces places réservées ou « places protocoles » dépendent des programmes du Centre communautaire1.
Ce jour-là, je reçois un appel de Carole, l’intervenante en charge de ces places protocoles : « J’ai une enfant de 4 ans qui présente un certain nombre de problèmes. Est-ce que vous avez une place ? » Elle m’explique que l’enfant a un RDG (Retard du développement global) : elle a marché tard, elle ne parle pas encore, ses habiletés sociales sont très réduites. À 4 ans, elle a le développement d’un enfant de 2 ans. Elle me précise que cette petite fille n’a pas de troubles de comportement et qu’elle ne fait pas de crises. Elle s’appelle Alicia.
Je savais que j’avais une place, mais je devais m’assurer que nous pouvions la recevoir. Notre ratio est d’une éducatrice pour dix enfants. Or j’avais une éducatrice restée à neuf enfants, parce qu’il y avait eu une difficulté avec un enfant arrivé en septembre, qui était aussi en place protocole, et que je n’avais pas trouvé d’enfants de 4 ans pour compléter le groupe. L’éducatrice avait fait un gros travail avec cet enfant, et en avril, le groupe allait bien.
Carole est très honnête sur le parcours d’Alicia et me dit qu’elle a été placée dans une garderie privée2. Elle ajoute que les parents sont très proactifs. Si je n’ai pas de place, elle envisage de demander des subventions pour cette garderie privée, parce que le ministère donne des enveloppes budgétaires pour que ces enfants-là aient des éducatrices formées. Mais quand elle me dit que la petite fille est comme une plante verte, je me dis : « Non, ce n’est pas possible, on ne peut pas faire ça. »
Je pose plein de questions et j’en parle à l’éducatrice. Dans ma tête, je me dis : « Cette enfant-là, on a la place, on est là pour ça, go ! on la prend. » C’est mon rôle d’intégrer des enfants, de prendre la décision en respectant les règles budgétaires. J’ai quand même trente-cinq employés, des dépenses importantes, et je ne dois pas être déficitaire. Je décide donc de prendre cette petite Alicia. Je rencontre les parents. Ils sont adorables, d’une volonté à toute épreuve. C’est très important que les parents s’impliquent, qu’on puisse se parler, c’est même une condition sine qua non pour que « ça marche ». Je vois qu’ils sont prêts. Nous signons le papier et la maman me donne le rapport complet de l’orthophoniste et le récit de vie de la petite Alicia. Quand je lis le papier, je vois un décalage entre ce que j’ai entendu au téléphone – et que j’ai ressorti à l’éducatrice – et ce qui est écrit : « Alicia ne parle pas, ne joue pas, n’entre pas en interaction, est encore en couches, etc. » C’est pire que ce que j’avais compris…
Elle commençait le mardi. Les parents arrivent en avance avec elle pour nous rencontrer. Ils sont Haïtiens, la petite a donc la peau basanée. C’est vrai qu’elle avait des yeux globuleux, qui ne correspondent pas au physique de ce qu’on appelle habituellement une « jolie petite fille ». Je le précise parce que je sais bien qu’il est beaucoup plus facile de s’attacher à un enfant au visage « mignon », même s’il a un comportement détestable. On appelle ça un biais. Mais pour moi, ça ne fait pas de différence. Nous devons accueillir tous les enfants, qu’ils soient haïtiens, sénégalais ou magrébins. Je n’en ai pas parlé parce que cela ne pèse pas dans la balance. Quand l’éducatrice voit la petite qui, effectivement, ne parle pas, et qui monte les escaliers marche par marche, elle se dit : « Elle ne m’a pas regardée, elle ne m’a pas souri. Je ne m’attendais pas à ça ! »
La semaine est très difficile. L’éducatrice se plaint : « Cette petite n’aurait jamais dû être dans mon groupe ! elle a un âge mental de 2 ans, il faut que j’intervienne tout le temps… » Elle me fait beaucoup de reproches : « Mais qu’est-ce que tu as fait ? Tu m’as imposé ça ! » Elle monte toute l’équipe contre moi, à tel point que je finis par faire une réunion d’équipe. Je m’étais préparée avec mon adjointe. Je me suis retrouvée devant une vingtaine d’éducatrices qui se sont déchainées : « Encore une fois, tu nous mets un enfant qui a un comportement difficile ! Que fais-tu de notre travail ? On est devenu des éducatrices spécialisées. On n’en peut plus ! Tu ne nous as même pas consultées ! » Je savais que je devais entendre leurs plaintes, mais c’était vraiment rude. J’en pleurais ! Au bout d’un moment, je leur ai dit : « Stop ! Je vous ai écoutées, mais maintenant, vous ne me respectez plus. »
Lâcher prise
J’ai commencé comme directrice adjointe en 2010 et je suis directrice générale depuis aout 2023. Un an, c’est peu. J’ai des décisions à prendre, et pour moi, ce sont des décisions qui ont un sens. Si mon équipe me dit : « on ne veut plus d’enfants à défi particulier, on ne peut plus intégrer de nouveaux enfants », c’est que je ne suis pas à la bonne place. On m’a déjà dit que je les laissais aller trop loin, que c’était du non-respect de ma fonction et de ma personne. C’est vrai que je ne les ai pas arrêtées tout de suite. Je voulais recueillir leur malaise.
Je crois beaucoup en la relation, en l’écoute de l’autre, et je sais interrompre l’échange quand, à un moment donné, la personne élève la voix – ce qui s’est passé avec l’éducatrice d’Alicia. Quand elle a commencé à me dire que je faisais mal mon travail, là, je l’ai arrêtée. « Tu ne critiques pas mon travail ou alors donne-moi des faits. Mais là, je t’arrête, s’il te plait, parce que ça devient irrespectueux. Donc on va arrêter la conversation. » J’ai pu le dire en face à face, mais pas dans l’équipe. Il fallait prendre une décision pour la petite. Si l’éducatrice ne la voulait pas, ce n’était pas une bonne chose de continuer à la forcer. Je ne pouvais pas faire ça.
J’ai donc rencontré une nouvelle fois les parents. C’était tellement difficile pour moi que je tournais autour du pot. La mère a bien vu mon jeu. Elle m’a dit : « Bon, qu’est-ce que vous voulez me dire ? Vous allez refuser ma fille, c’est ça ? On a fait tout le changement et au bout d’une semaine, vous allez me dire que vous ne pouvez pas prendre ma fille ? Mais ce n’est pas possible !… » Ça m’a fait beaucoup de mal. J’ai essayé de lui dire que je m’étais trompée, que l’éducatrice ne pouvait pas prendre sa fille parce qu’elle pensait qu’elle n’avait pas sa place dans le groupe des 4 ans, et peut-être que moi, je n’avais pas su m’imposer…
Mais le lendemain, Pauline, une autre éducatrice qui fait les 4 ans et qui avait une place aussi, vient me voir. Je n’avais pas voulu augmenter son groupe parce qu’elle avait déjà deux enfants à comportement difficile, dont un enfant TSA (troubles du spectre autistique) avec une accompagnante. Elle me dit : « Marianne, j’ai vu Alicia. Je veux la prendre. » Et je dis : « Bingo ! » J’ai demandé à Pauline : « Tu réfléchis, et demain, tu me confirmes. » Le vendredi, je dis aux parents : « On a trouvé une solution. » Et depuis, la petite Alicia s’est envolée ! En trois mois, elle s’est mise à parler. Elle n’avait jamais parlé ! Elle a émis des sons, elle dit « papa » ! Les éducatrices sont venues me voir et m’ont dit : « Marianne, tu avais raison. » Pour moi, c’est le plus beau des cadeaux. C’est pour ça qu’on est là ! Et c’est une histoire de confiance. Quand je prendrai des décisions qui peut-être les heurteront, je leur rappellerai l’histoire d’Alicia.
Prendre soin de l’équipe
J’ai une équipe assez difficile. Ils se plaignent sans doute parce qu’ils savent que je vais les entendre. Je me rends compte que j’induis inconsciemment ces comportements. Il va falloir que je pose mieux mes limites, parce que c’est beaucoup trop lourd à porter.
Ce que je retiens de cette histoire, de mon côté, c’est que j’ai besoin d’elles. On accueille 160 enfants, mais ce sont elles qui sont sur le terrain, ce n’est pas moi. Ce sont elles qui sont huit heures par jour avec les enfants. J’ai besoin d’elles, donc il faut que je les entende, que je les sécurise et que je leur donne des ressources pour qu’elles se développent, donc de la formation. C’est pour ça que j’ai mis en place un lieu de parole sécure pour qu’elles puissent échanger sur tel enfant, sans jugement. Un lieu où elles peuvent dire « il me fait chier » et ensuite retourner faire leur travail.
Je veux aussi leur donner des mots. Avec la communication non violente3 (CNV), tout peut se dire et tout peut s’entendre, mais pas n’importe comment. Je veux leur donner la force et la responsabilité de prendre – ou pas – ce que l’autre dit. Comme dans toute équipe, j’ai des fortes têtes et des personnes qui ne disent rien, qui s’écrasent. Moi je veux leur donner les moyens de dire : « Stop, tu vas trop loin. » Et les personnes qui écrasent le monde, je veux leur dire : « Regarde comment ta parole peut blesser ta collègue. » Mais ça me prend beaucoup de temps.
Je participe à toutes les rencontres entre employées. Normalement, il y a deux installations, avec une directrice générale (DG) et une directrice adjointe. Quand j’étais directrice adjointe, je m’occupais des RH, c’est-à-dire que je réglais les problèmes entre éducatrices ou entre les éducatrices et les parents, etc. La DG s’occupait des finances et du plan stratégique. Maintenant que je suis DG, je veux prendre soin des relations et outiller l’équipe, c’est ma priorité, alors je vais aux réunions. Mais je travaille cinquante ou soixante heures par semaine…
Être directrice
Je cherche aussi un coach pour moi, car j’ai compris que moi aussi, je devais entendre des remarques sur ma gestion, parce que j’ai des points à améliorer, je débute. Quand une personne compétente m’a aidée à monter la planification stratégique, elle me disait que j’étais trop impliquée dans la relation. Je ne voulais pas encore l’entendre. Je commence à lâcher prise, mais c’est une chose de dire, c’en est une autre de le faire. Il faut que je laisse ma directrice adjointe, qui est nouvelle aussi, gérer. Et ça, c’est encore difficile.
Souvent je me pose la question de savoir si je suis faite pour ça, si j’ai la trempe. Le courage, je pense que je l’ai. Mais je suis sensible, je braille souvent. Ce n’est pas une faiblesse, mais je prends trop les choses à cœur. Shirley, mon adjointe, m’a dit : « C’est pour ça que les directions sont souvent dans un bureau caché, les portes fermées. » Ce sont peut-être de bons gestionnaires avec de bonnes relations, mais moi, j’ai à cœur la relation en face à face, même avec les parents. Je suis curieuse de connaitre l’autre… Mais ça prend du temps, et je ne l’ai plus.
Il y a la question de l’image aussi. Un matin, une petite fille me saute dans les bras. Elle le fait à chaque fois qu’elle me voit, c’est comme ça. J’ai le contact avec les enfants, il me le faut, et j’aime ça. Et la mère dit à sa fille : « Ah, tu dis bonjour. Mais tu sais, Marianne, c’est la directrice générale. » Ça m’a gênée. Je n’ai pas envie que ma fonction m’éloigne de la relation.
J’ai peur de ne pas avoir la trempe parce que ça m’use beaucoup quand même. Mais c’est intéressant, parce que ça va évoluer selon ce que moi, je veux en faire.
Gérer une structure
Comme CPE, nous avons quatre volets principaux : le service de garde, les ressources humaines, les finances et les bâtiments.
Le service de garde, c’est tout ce qui concerne les enfants et les parents, c’est aussi la qualité éducative, qui a malheureusement un prix. On ne devrait pas, au nom d’un dollar mal investi, brimer la qualité éducative, et ne pas prendre cette Alicia par exemple.
Les ressources humaines, c’est tout ce qui concerne les employés : les payes, le régime de retraite, l’assurance collective, les accidents au travail, etc.
Les finances, c’est le budget, les règles budgétaires, les subventions, en lien avec l’audit. Lire et comprendre la centaine de pages du rapport financier m’intéresse. Ce n’est pas que j’aime ça, mais ça fait partie du travail et j’ai été à bonne école avec mon ancien directeur. Le taux d’occupation, le taux de présence, les moyens financiers que je peux trouver… Plus je comprends ces rouages, plus mes décisions vont aider l’enfant en bout de ligne. Je pourrai faire des choix financiers et les assumer. Et ça, c’est bien. J’aime ce travail et je voudrais aller plus loin, une fois que j’aurai mis en place au niveau relationnel quelque chose qui me convient.
Le quatrième volet – les bâtiments – n’est pas le moindre. Je suis propriétaire de deux bâtisses, et je n’y connais rien ! J’ai eu plein de problèmes de fuite, et ça me fait peur, j’ai la chienne ! Notre bail avec la ville de Montréal arrive à échéance et nous allons devenir propriétaires du terrain (nous le sommes déjà un peu pour la bâtisse). « Nous », c’est le ministère de la famille, qui nous subventionne pour nos travaux. En tant que gestionnaire, l’entretien me revient. Je dois regarder ce qui a été fait ou pas…
Donner des orientations
En ce moment, dans le cadre de la loi 25, je dois mettre en place une politique de confidentialité concernant la protection des données personnelles dans les échanges et la circulation des informations. Il y a un guide à écrire, avec des actions concrètes, par exemple le déchiquetage. Je voudrais aussi scanner tous nos dossiers. Le bureau physique n’est plus ce qu’il était il y a vingt ans. On n’a plus de papier. J’ai rencontré une entreprise qui fait des logiciels de rangement de dossiers. Moi, ça me passionne. J’aime cette réflexion sur les catégories et les organigrammes. J’ai demandé à d’autres CPE : « Comment faites-vous avec vos dossiers ? Avez-vous un modèle qui marche ? » Et je me suis rendu compte que chacun se débrouille à la va-comme-je-te-pousse. Personne n’a pris le temps de se poser pour y réfléchir.
J’organise aussi, pour la première fois, un « lac-à-l’épaule ». Ce sont les entreprises privées qui font ça, pour parler de leur stratégie4. Je voudrais en faire un pour organiser l’année et réviser les politiques de l’institution. Notre politique d’inclusion des enfants à besoin particulier est écrite, mais elle n’est pas appliquée. Je voudrais que les éducatrices s’approprient cette politique et la mettent en pratique. Je leur ai déjà demandé de la lire et de l’intégrer. Ce que j’apprécie à la place où je suis maintenant c’est que je peux leur faire une demande précise, claire, avec une deadline : « Je te demande de lire ça. Tu me le rends dans une semaine. » Je fais des rappels et je n’ai pas de problème à me dégager s’il n’y en a qu’une ou deux qui me l’ont fait : « On peut revoir la façon dont je communique, si vous n’aimez pas, vous pouvez me le dire, mais à un moment donné, il faut prendre vos responsabilités. »
Pour ce fameux lac-à-l’épaule, je vais les libérer pendant quatre heures, à partir de 15 h. On va être les trente personnes ensemble, on va manger, il y aura des petits comités – des tables en fait – qui vont s’occuper chacun d’une thématique bien précise, pour l’année. Je suis fière de moi ! Ce n’est pas encore fait et je ne sais pas comment ça va marcher. Mais je le veux, et ça n’a été fait nulle part parce que – j’ai même demandé à un directeur – ça coute de l’argent. Tout coute, parce qu’il faut que je remplace mes éducatrices pendant deux heures, que je les paie, ainsi que le repas. Mais avant de partir en vacances, j’ai rencontré la comptable, j’ai intégré le cout dans le budget. Je vais aussi envoyer toute l’équipe pendant une journée faire une formation à la CNV dans un Centre communautaire. Ça coute parce que je ne ferme pas le CPE, je prends des remplaçantes. J’informe les parents pour leur dire qu’ils peuvent garder leurs enfants. Tout ça c’est budgété. Oser être différent, c’est ce que j’aime dans ce job !
Trouver sa place
Mon leitmotiv, c’est d’oser dire les choses. Par exemple, quand je vois qu’une personne n’est pas au bon endroit, parce que les 4 ans, ce n’est pas son truc, je lui dis : « Tu es sure que tu es faite pour ça ? Regarde… » Je le fais de plus en plus et ça marche. Je me suis formée à la CNV il y a trois ou quatre ans, et ça m’a sauvé la vie ! En parler me donne des frissons… Par rapport au racisme, aux problèmes interculturels, je vois l’importance de nommer les choses. Quand une éducatrice me dit : « Ouais, c’est vrai, j’ai peut-être un problème avec les Magrébins. », je dis « bingo ! on est à la bonne place. On a déjà fait la moitié du chemin… » et je dis merci à l’éducatrice qui l’a dit. Le reconnaitre, c’est énorme, parce qu’il y a un fort enjeu culturel. C’est une histoire de place. Je suis convaincue qu’on a chacun une place. Il faut juste la trouver. Comme on est des êtres de relation, les autres peuvent nous faire de la place, nous aider à la trouver et aussi nous faire prendre conscience que nous ne sommes pas à la bonne place.
Quand j’ai fait ma formation à la CNV, j’ai eu le choix de faire la maitrise et de devenir coach, pour aider des organismes. Mais ça voulait dire que je laissais la petite enfance. Et ça, non. Je n’étais pas prête. Dans mon travail, j’ai beaucoup plus de satisfaction et j’ai des retours en or. C’est précieux ! Mais il y a une partie de moi qui me voit et qui me dit que c’est difficile quand même. J’en bave un peu. Je ne veux pas que ce soit au détriment de ma santé, de moi, de mes enfants. Je me suis donné trois ans.
J’organise les cinquante ans du CPE et je voudrais inviter la ministre, Pauline Marois, la mère des centres de la petite enfance. J’ai une admiration sans bornes pour les femmes politiques comme elle. Parfois, en CNV, on ferme les yeux et on visualise où on voudrait se voir. Moi, je veux être un acteur de changement, pour moi et pour les autres. J’y crois, avec humilité, mais il n’y a pas l’ombre d’un doute. Montrer ce réseau de la petite enfance, lui redonner ce qu’il m’a donné – c’est grâce au Québec et à ce réseau que j’en suis là –, appeler cette femme politique pour l’inviter aux cinquante ans, c’est un peu gros, mais si je peux, je vais le faire, Qui ne tente rien n’a rien.
Marianne Bride
Récit mis en forme par Agnès Berthe, à partir d’un entretien le 16 juillet 2024
1Les Centres locaux de services communautaires (CLSC) sont des organismes subventionnés par le gouvernement qui offre des services sociaux et des activités de santé publique.
2Au Québec, nous avons un système privé où les parents peuvent payer jusqu’à 50 $ par jour, au lieu de 9,35 $ par jour dans le système public, avec des éducatrices formées. Dans le système privé, elles sont moins bien payées et généralement pas formées, l’objectif est de faire rentrer de l’argent.
3Marshall Rosenberg.
4L’expression vient d’un ministre québécois, Jean Lesage, qui avait réuni son équipe dans un chalet retiré près d’un camp de pêche appelé le « Lac-à-l’épaule » pour travailler sur sa politique.