Pourquoi écrire sur son travail ?
Écrire sur son travail, d’abord pour prendre de la distance par rapport au quotidien, à l’apparente routine ou à la course permanente. Prendre le temps de se remémorer ce que l’on fait. Se rendre compte de tout ce qui se passe au cours d’une journée, dans un lieu, dans un simple geste parfois. Se rendre compte aussi que ce qu’on fait n’est jamais exactement ce qu’on nous demande de faire ; qu’on n’est jamais de simples exécutants, mais qu’au contraire chaque action nous oblige à être créatifs, à inventer des manières de faire qui ne sont écrites nulle part.
Écrire, pour réfléchir sur ce qu’on fait. En relisant ses propres écrits, on se surprend soi-même, on découvre de nouvelles choses sur le sens de ce qu’on fait, sur nos relations avec les autres, sur les manières différentes de s’organiser dans le travail. Cela passe parfois par des détails auxquels on ne prête pas trop attention d’habitude, mais qui à bien à réfléchir ont un effet réel sur la façon dont on vit son travail au quotidien.
Écrire, pour partager avec d’autres son expérience et ses histoires de travail : avec quelques autres dans le petit groupe d’atelier, avec des collègues ou des proches ; mais aussi, par la suite, pour ceux qui souhaitent reprendre leurs textes d’ateliers et les retravailler, avec les lecteurs anonymes de la publication à venir de la coopérative.
Qu’écrit-on dans les ateliers ?
Écrire son travail peut prendre des formes différentes : raconter une scène typique, se remémorer ses débuts, décrire des gestes ; mais on peut aussi penser aux lieux, aux outils, aux rythmes, aux bruits, aux couleurs.
Dans nos ateliers, les animateurs vous aident au passage à l’écriture par différentes propositions de démarrage : raconter le dernier quart d’heure d’une journée de travail, décrire un objet important, expliquer le truc qui ne marche jamais…
On ne cherche pas à faire de la grande littérature, mais à produire des textes qui auront été agréables à écrire, qui seront agréables à lire et, surtout, qui disent quelque chose de ce que vous faites et comment vous le faites.
Et si je n’ai pas de travail ?
Pour nous, le travail, ce n’est pas seulement le métier, l’emploi rémunéré, l’activité professionnelle reconnue. Le travail, c’est aussi tout ce qu’on fait régulièrement, pour les autres, à la maison, dans la rue, dans les associations. Chercher un emploi, conduire ses enfants à l’école ou ses petits-enfants à la crèche, être actif dans une association, refaire son faux plafond, peindre, écrire : c’est encore du travail.
Pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas d’activité reconnue, c’est parfois difficile de répondre à la question classique : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Par l’écriture, par le travail du groupe en ateliers, vous pourrez trouver bien d’autres choses à répondre que : « Rien. » Nous, à DireLeTravail, nous croyons que chaque être humain contribue de diverses manières à la vie en société, et que chacune de ces contributions mérite d’être connue et reconnue, avec ou sans revenu.
Comment se passe un atelier DireLeTravail ?
Un atelier « Découverte », en une seule séance, ressemble à certains ateliers d’écriture plus littéraires : il s’agit avant tout de soigner l’accueil de chacun-e, de créer un climat propice à la confiance et à la créativité dans le groupe, pour ensuite proposer des « contraintes » d’écriture qui aident à entamer la page blanche. Après chaque temps d’écriture, il y a un temps d’échange entre participants : pour parler de son expérience de l’écriture, pour partager la lecture d’un texte, pour faire écho à ce qu’écrivent ou disent les autres. Tout cela sur environ trois heures, en respectant les rythmes de chacun et un tempo commun.
Les autres ateliers, composés de plusieurs séances, seront l’occasion, non seulement d’écrire, mais encore de se relire, de reprendre un texte et de le réaménager, le recomposer, d’entendre les échos des participants à ce que vous écrivez et d’en tenir compte ou pas dans vos réécritures, d’entendre les textes des autres et de dire ou écrire ce qu’ils vous inspirent. Dans ces ateliers plus longs, un objectif des animateurs sera de vous amener à partager vos textes au-delà du groupe, à faire en sorte que vous en soyez suffisamment fiers pour vouloir les proposer à la publication — et, pourquoi pas, les lire à votre tour dans la publication de la coopérative DireLeTravail ?
Pourquoi écrire en groupe ?
Le groupe suppose un cadre : on se donne un rendez-vous, il y a une heure et un lieu. On se réunit avec une envie commune : écrire sur ce qu’on fait, le « travail » au sens large. Seul, peut-être qu’on aurait reporté au lendemain ou au surlendemain ce projet d’écrire. Cela peut aider à s’y mettre ; là, dans le cadre de l’atelier, avec le groupe, on sait tous que c’est pour ça qu’on est là.
Chacun des participants aura des motivations différentes, des réalités de travail différentes ; mais dans le groupe d’atelier, on a au moins un point commun : on « travaille », on a « travaillé », on a quelque chose à dire sur le travail, ce que ça représente pour nous. On peut partager quelque chose de ses intérêts, de ses préoccupations, et appartenir pour quelques heures à une petite communauté plus large : le groupe d’atelier, ou au-delà la coopérative. Et au-delà encore, on pourra se sentir appartenir à ce fameux « monde du travail » avec tout ce qu’il implique de satisfactions, de plaisir, de rencontres, mais aussi de tensions, de ruptures et d’exclusions ; de questionnements, d’enjeux qui nous dépassent et nous concernent en même temps.
Enfin, par les propositions d’écriture amenées par l’animatrice ou l’animateur, dans les échanges entre participants, on peut trouver pour soi d’autres manières d’écrire, de penser ; ou se rappeler par associations d’idées d’un évènement passé qu’on avait oublié. Dans le groupe peut venir la surprise, de ce qu’on exprime soi ou de ce qu’exprime un autre. De la surprise peut émerger un regard nouveau sur ce qu’on vit.
C’est difficile pour moi de partager un texte personnel. Suis-je obligé ? Est-ce qu’on va me critiquer ?
La lecture partagée de vos textes sera souvent proposée à certains moments de l’atelier ; mais il n’y a bien sûr pas d’obligation. De même que sur tous les aspects de l’atelier, l’animatrice ou l’animateur ne feront que vous proposer des choses ; certaines choses vous plairont à priori, d’autres moins. Vous serez invité à jouer le jeu, mais vous êtes toujours libres de décliner cette invitation ! Un texte personnel, même s’il concerne son travail, peut révéler des choses sensibles pour vous.
Dans les ateliers, une des règles est le respect d’une certaine discrétion concernant les paroles et les écrits des autres participants. Cette discrétion est une condition de la liberté d’expression nécessaire : on évitera d’aborder certains sujets si on redoute que ce qu’on raconte arrive aux oreilles de notre chef de service ou de notre voisin de palier.
Sur le plan des critiques, l’animatrice ou l’animateur est là pour veiller à ce que la plus grande bienveillance règne dans les échanges entre les participants et à ce que les personnes ne soient jamais prises pour objet de critique. On s’intéresse avant tout aux écrits, à ce qu’ils racontent, à la manière dont ils nous parlent. Les échanges autour des textes sont avant tout des échos, des questionnements. Ils peuvent évoquer des pistes d’éclaircissements, de prolongements, de reprise du texte ; chacun-e reste libre de prendre ou pas.
Et si je n’y arrive pas ?
Cela arrive rarement. Le cadre collectif et les propositions d’écriture amenées par les animateurs sont conçus pour faciliter l’entrée dans l’écriture.
Mais cela peut arriver. Dans ce cas-là, l’animateur ou l’animatrice pourra vous faire d’autres propositions, vous suggérer d’autres portes d’entrée pour vous aider à dire quelque chose par l’écrit.
Et si je préfère écrire seul ?
Pas de problème ! Surtout continuez !
Si vous avez des textes ou des ébauches de textes que vous souhaitez retravailler avec d’autres, pour entendre des retours sur ces textes et y retravailler, nous vous proposons nos ateliers Approfondissement.
Si vous avez des textes que vous estimez assez bien réussis, vous pouvez les proposer à la publication à venir de DireLeTravail.
Que deviennent les textes écrits en ateliers ?
Les textes produits en atelier DireLeTravail appartiennent à chaque auteur, qui en font ensuite l’usage qu’ils souhaitent : les partager avec des collègues, des amis, des proches… ou les garder pour soi, pour plus tard.
A l’issue d’un atelier « Découverte », celles et ceux qui le souhaitent peuvent reprendre et retravailler leurs textes avec le soutien d’un nouveau groupe dans nos ateliers « Approfondissement ».
En atelier « Approfondissement », l’objectif est d’aller vers des textes que vous soyiez prêts à diffuser au-delà du groupe, pour partager votre expérience de travail avec d’autres. Une des pistes de diffusion que nous encouragerons, c’est la publication avec DireLeTravail. La publication n’est jamais obligatoire, ni automatique : chaque auteur décide de proposer un texte au comité éditorial, qui fait un retour à l’auteur et au final décide de la publication.
Quels sont les liens entre les ateliers d’écriture et la publication de DireLeTravail ?
C’est un lien souple entre deux activités autonomes de la coopérative DireLeTravail. Ainsi, chacun, où qu’il soit dans le monde, peut proposer un texte au comité éditorial de DireLeTravail sans avoir jamais participé à un atelier d’écriture. Inversement, les participants aux ateliers d’écriture peuvent ne jamais proposer de textes au comité éditorial et continuer à approfondir une démarche personnelle.
Le lien entre ateliers et publication n’est jamais obligatoire, mais c’est quelque chose que nous encourageons, que nous souhaitons soutenir chez chacun. Pour quelqu’un qui écrit déjà, nous pensons que la rencontre avec d’autres dans un groupe peut lui permettre d’aller plus loin dans sa démarche, d’affiner son travail avant de le publier. Pour quelqu’un qui se lance dans l’écriture sur son travail dans un atelier, nous pensons que la confrontation de ses écrits à des lecteurs au-delà d’un cercle proche ne peut que renforcer ses capacités de raconter et d’analyser son rapport au travail.
Proposez-vous des ateliers en ligne, sur le web ?
Des ateliers en ligne sont en projet et devraient être développés courant 2015. N’hésitez cependant pas à nous faire signe si vous êtes d’ores et déjà intéressé !