Collecte – été 2016

En plein travail

Au premier abord, nous nous sommes demandé ce que nous venions faire dans ce qui apparaissait comme un assez banal parc d’attractions pour touristes désœuvrés les jours pluvieux : le Village de Poul Fetan. Vaste parking dans les champs, autobus et camping-cars alignés, et des grappes de visiteurs à casquette qui viennent déambuler dans un village typique des années 1850, figé sous ses toits de chaume.

Un village breton en 1850

Cliché garanti authentique de 1850. © P. Bride

La prise de contact fut plutôt cordiale à l’accueil. Belle idée que de parler du travail : mais c’est qu’il faut d’abord l’assurer, et en pleine saison, pas simple de ménager du temps pour des entretiens. Pensez donc qu’ici défilent 45 000 visiteurs par an. Il faut animer les visites tout en réalisant la cuisson du pain à l’ancienne, la cuisine à l’ancienne, le nourrissage des cochons à l’ancienne, l’entretien du potager à l’ancienne, la fabrication de la poterie à l’ancienne, le tout en costume d’époque. Peut-être que le temps d’une pause, l’un ou l’autre acceptera de nous dire deux mots. Bon, nous indiquons notre intention de revenir, en laissant une affichette. Personne ne semble réellement convaincu.

Deux jours plus tard, sous une pluie battante, nous voilà de retour au village. L’affichette a été vue, et nous sommes malgré tout un peu attendus. La vendeuse de pains de campagne nous dirige vers l’atelier des boulangers qui cassent la croute après la fournée de la mi-journée : ils nous racontent avec feu leur art de la maitrise de la cuisson au four à bois.

Ça chauffe !

Ça chauffe !

L’animatrice termine de raconter son histoire de lavandière, et un quart d’heure plus tard enchaine en présentant l’immense truie Groseille à un public ébahi, dont nous-mêmes : entretemps, elle nous avait raconté avec enthousiasme la conception des animations du village.

À la louche, 350 kg : une belle bête.

À la louche, 350 kg : une belle bête.

Enfin le cuisinier vient d’achever la mise en ordre de son auberge, après le coup de feu de midi, et prend sur sa pause pour nous expliquer comment il prépare les plats qui faisaient le quotidien d’autrefois. Nous voilà bien en plein cœur du travail, dans un endroit voulu par les gens du pays, très éloigné des parcs d’attractions conventionnels. Sans vaine prétention puydefolesque.

Ce qu’on a vu et entendu sonnait vrai : le fruit d’un travail bien fait, avec passion. C’est ce qu’on aurait voulu dire à ceux qui ont pris le temps de nous parler, mais ils étaient très occupés. Nous avons tout de même pu dire au cuisinier que nous avions apprécié des plats si gouteux. Parce qu’en plus nous avons bien mangé !

Pierre Madiot, Patrice Bride