Accompagner les acteurs de l'alternance

« L’apprentissage des compétences métiers et des compétences de base doit aller de pair »

Portrait de la démarche « Apprendre autrement par le travail – renforcer les compétences de base des apprentis » co-construite par Dire Le Travail et l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme, grâce à un entretien croisé avec les pilotes du projet.

1/ Pouvez-vous, tout d’abord, nous dire comment la question des « compétences de base des apprentis » s’est imposée comme sujet méritant la création d’une démarche ad hoc ?

ANLCI / Eric Nedelec, Directeur Adjoint : Ce sont les CFA qui les premiers se sont interrogés sur ce problème. En effet un grand nombre d’entre eux constataient que beaucoup de jeunes apprentis étaient rapidement en difficultés, y compris en entreprise, parce qu’ils ne maîtrisaient pas les compétences de base. On a pu constater aussi, à l’époque, qu’un nombre significatif d’apprentis abandonnaient dès les premiers mois du contrat, en partie en raison de cette difficulté. Deux questions se sont alors posées : quelle est l’ampleur « réelle » du problème ? quelles solutions apporter aux équipes des CFA pour prendre en compte ce problème ?

Dire Le Travail / Patrice Bride : Et la démarche proposée par l’ANLCI a effectivement rencontré un écho. C’est ce que nous avons pu constater lors de l’étude réalisée en 2016 pour faire le point sur les usages de la mallette et en élaborer une version enrichie. Une idée forte : l’apprentissage de compétences métiers ne s’oppose pas à la reprise de questions essentielles de maitrise de la langue, du numérique ou de savoir-être, les deux doivent aller de pair.

2/ En quoi la démarche peut-elle constituer un complément intéressant aux pratiques pédagogiques déjà mises en œuvre au sein des CFA ?

ANLCI : Les CFA, comme d’ailleurs l’enseignement professionnel, ont été et sont parfois, notamment sur le champ de l’alternance, un réservoir d’innovations pédagogiques simples et surtout adaptées au contexte particulier de l’apprentissage. En mettant en place des solutions complémentaires, parfois nouvelles, certains CFA ont totalement modifié leurs approches en particulier sur les liens entre les domaines professionnels et les domaines généraux. Et les solutions mises en œuvre, qui sont allées jusqu’à modifier l’organisation pédagogique de l’établissement, ont bénéficié à tous les apprentis, et notamment à ceux qui, sans être au regard de nos critères en situation d’illettrisme, n’en n’ont pas moins besoin aussi de pédagogies adaptées.

DLT : Se former à la fois au CFA et en entreprise est un défi, à reprendre en permanence. La démarche est une occasion de reprendre cette question fondamentale de l’alternance : qu’est-ce que chacune des parties prenantes peut apporter à la formation, de façon coordonnée, adaptée aux besoins des apprentis, y compris sur le champ des compétences de base ?

3/ En deux ou trois mots-clés, quels bénéfices pour les apprentis ?

ANLCI :

Les apprentis en difficulté avec les savoirs de base ne sont pas « traités » à part, ils se sentent donc considérés.

Les apprentis en question ont, pour un grand nombre d’entre eux, modifié leurs rapports, souvent douloureux, avec les savoirs. Ils comprennent grâce à l’approche par compétence que les compétences de base sont nécessaires pour exercer une activité professionnelle et pour évoluer dans le métier.

DLT :

De la considération, parce qu’on leur propose de parler de leur travail, de ce qu’ils font aux côtés de professionnels aguerris.

De l’assurance, parce qu’ils peuvent alors prendre la mesure de tout ce qu’ils réussissent dans l’apprentissage d’un métier.

De la confiance, parce que se réconcilier avec des apprentissages de base leur ouvre des perspectives professionnelles.

4/ Pour nos lecteurs qui aimeraient en savoir plus sur la démarche, comment obtenir plus de renseignements ?

ANLCI :

En allant sur le site de l’ANLCI

Et en contactant directement l’ANLCI en région ou au niveau national

DLT :

Bon à savoir : la coopérative, en tant qu’intervenant reconnu par l’ANLCI, peut venir en appui aux CFA désireux d’un accompagnement (trois niveaux d’intervention possibles). N’hésitez pas à nous contacter