Quand le virus informatique traverse la pédagogie

Quand le virus informatique traverse la pédagogie – épisode 3

Jeudi 19 mars 2020. Confinement J+3

En attendant que le briefing démarre, j’échange avec un collègue. Désormais, cent kilomètres nous séparent. Cela fait longtemps que nous travaillons ensemble. Nous sommes en confiance l’un avec l’autre. Nous échangeons sur nos appropriations respectives des outils numériques. Je lui fais part de mon vécu de surcharge immédiat, avec la nécessité de concilier rendez-vous individuels aujourd’hui, et conception des consignes pour les séances les proches dans le temps. Lui aussi avance lentement.

Le briefing démarre, avec des informations générales sur les outils RH internes à adapter, et adopter, sur les situations des étudiants sans stages ou réquisitionnés. Un gros travail d’adaptation, avec mise en œuvre immédiate, et concertation sur les informations officielles reçues, à diffuser, auprès des étudiants. Impression que la vague faite de lettres et de pixels ne cesse de monter. Il est nécessaire de réviser les priorités à court terme. Il invite les formateurs concernés par les bilans de fin de formation à les repousser, pour, selon ses mots, « se concentrer » sur la conception des programmes alternatifs.

Sitôt la réunion achevée, appréciant de me concentrer dans ma solitude sonore sur mon programme personnel, je décommande les entretiens. Et je me lance, en mode brouillon, dans la conception de la séance de lundi, avec une recherche documentaire. Que c’est bon de décider de mon programme, et de ne pas être tout le temps en interaction. Dans mon bureau du centre, j’apprécie des heures entières de lectures de travaux d’étudiants, de recherches, de création de contenus… La porte fermée, concentrée.

Contenu trouvé. Support trouvé. Consigne rédigée. En mode brouillon. Autre intervention le lendemain, adaptation du support aux normes QUALIOPI, actualisation. Rebelote : consigne rédigée. On met tout sur la plateforme… L’après-midi, je me plonge dans la lecture d’un mémoire presque achevé. L’étudiant a compris, il a vraiment progressé, et a fourni un gros travail de lectures. Je lui envoie un mail d’encouragement, et des conseils pour l’achèvement de sa dernière partie, que je trouve plus sèche, abstraite. Je lis aussi d’autres écrits de certification en instance.

Officiellement, ma semaine de télétravailleuse à temps partiel est achevée. Mais je sens déjà que je vais regarder mes brouillons, les affiner, que je vais étudier les plannings à venir, pour reprendre pour organisation de travail en main.

Je suis vraiment contente de ne travailler qu’à 80 %. Comme chaque vendredi, j’aurai mon vendredi à moi. Je me dis que je vais respirer. Reprendre mon temps en main. Rebâtir des frontières entre privé et professionnel. Ne faire que ce dont j’ai envie.

Laurence, psychosociologue

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