Collecte – été 2016

Parler de mon travail ? Volontiers !

C’est en substance ce qui ressort de l’accueil des personnes que nous avons sollicitées ce matin sur le marché d’Hennebont. Pas besoin de grands discours : oui, il y a de quoi dire sur le travail en général, et sur le sien en particulier. Un regard d’abord un peu intrigué : qu’est-ce qu’il a à vendre celui-là ? Mais quelques mots sur la démarche suffisent à engager la conversation. Cinq personnes ont pris un quart d’heure de leur temps, quitte à faire un peu patienter conjoint ou enfants, pour nous expliquer en quoi consiste une bonne journée de leur travail, pour nous raconter des souvenirs marquants, significatifs : un professeur de musique, un cuisinier en cours de reconversion dans l’électricité, un démolisseur d’immeubles, une ouvrière effectuant la récolte des tomates dans les serres, une aide-ménagère.

Le point commun : un rapport tout en nuances à son travail, jamais tout blanc ou tout noir quand on y regarde de près. Parfois une corvée, par l’épreuve physique, la monotonie, mais aussi une source de satisfaction quand on réussit à coopérer pour aboutir à ce qu’on a à faire ; une activité utile pour soi, parce qu’il faut bien gagner sa vie, mais aussi pour les autres, quand on nettoie, quand on nourrit, quand on apprend, quand on contribue à construire.

Il nous reste à faire notre travail. Réussirons-nous à mettre en texte l’enthousiasme simple de ce jeune Québécois prenant en mains les menus d’un restaurant à Chamonix pour renoncer aux sacro-saints poissons de ses prédécesseurs et proposer des burgers accompagnés d’une sauce maison, élaborée au pifomètre, avant de se reconvertir à l’autre bout de la France dans l’installation électrique, par pragmatisme plus que par gout, parce que c’est un travail qui se pratique à l’abri des intempéries, pas trop physique, pas trop bourrin non plus ? Saurons-nous éviter les phrases à rallonge, pénibles à lire ? Parviendrons-nous à vous donner à voir cette jeune mère de famille énergique, bien dans sa peau, sûre de son fait, qui tient à nous dire, sous le regard approbateur de son mari, qu’elle fait avec beaucoup de satisfaction son métier d’aide-ménagère pourtant peu considéré ?

Le marché d’Hennebont, c’est aussi d’excellentes andouilles de Vire et de délicieux fromages de brebis, qui ont agrémenté notre piquenique : c’est bien agréable de profiter aussi du travail des autres !

Patrice Bride, Pierre Madiot

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À pied d’œuvre