Des récits du travail

Les graveures

Dans leurs ateliers, elles portent tabliers, blouses, masques, baskets, tongs, gants, chiffons, salopettes ou jeans, manipulent pointes sèches, burins, roulettes, brunissoirs, acides, mitaines, résines, gouges, berceaux, carborundum, rouleaux, encres, pinces, spatules, mordants, cuivre, acier, zinc, bois, pierres, vernis, tarlatanes ; elles gravent et elles impriment.

Leurs estampes sont uniques et multiples ; elles sont douze graveures, plurielles et tellement singulières.

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Le trait noir. C’est par le trait noir de l’encre de Chine que je suis venue à la gravure. Ce trait noir, fil d’Ariane de ma recherche, s’est trouvé démultiplié tant il existe de déclinaisons d’épaisseurs et de valeurs. L’éventail des lignes passe du ruban épais et dense des tailles profondes aux brindilles légères des incisions superficielles.

Et j’aime l’odeur de l’encre, le toucher du papier, le bruit de l’outil sur la plaque, la sensibilité du cuivre, la morsure de l’acide, et surtout j’aime l’ampleur du processus, du croquis préparatoire à la numérotation de la gravure imprimée.

Mes sources d’inspiration essentielles sont le cinéma, la littérature et l’air du temps.

Si, comme le dit Giorgio Agamben, « le contemporain est celui qui perçoit l’obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde », alors je suis un « graveur contemporain ».

Christine Gendre-Bergère

Douze gravures en taille-douce – 2013 – 2015 – Format : 54 cm x 93 cm – Eau-forte – Tirage : 6 exemplaires