Des échos des ateliers

La fois où j’ai triché au travail

Un sujet rude pour cet atelier un peu particulier, organisé le 26 novembre à destination des adhérents de l’AFAST de Nantes : les tricheries au travail. Les moments où on fait sciemment autre chose que ce qu’on devrait faire. Soit de façon murement réfléchie, vu que, cette fois-là, c’était vraiment différent de d’habitude. Soit dans la précipitation, parce qu’il fallait bien faire quelque chose, vu le tour que ça prenait. De façon plus ou moins assumée, plus ou moins consciente. Mais de la triche quand même, il faut bien se l’avouer.

Confidentialité oblige, rien ne sortira de cette salle… Mais il y avait de quoi dire ! Et, de texte en texte, sont apparues progressivement quelques idées fortes.

D’abord qu’il n’est pas très compliqué de trouver de telles situations dans le travail de tous les jours. Des mots qui revenaient : bidouiller, s’arranger, inventer, ajuster, déborder le cadre, combler les vides, se mettre en mode dégradé. Rien que de très ordinaire au travail, non ?

Il était question de morale, bien sûr. Tricher, ce n’est pas bien, c’est entendu. Mais tout de même, qu’est-ce que, parfois, ça fait du bien ! Et puis souvent, on ne peut pas faire autrement, pris entre des injonctions contradictoires. Les dilemmes sont bien constitutifs d’une activité de travail, et chacun est souvent renvoyé à lui-même pour décider, en fonction de ses règles morales, pour dire ce qu’il est juste de faire, en fonction de ses valeurs, de sa déontologie.

Encore heureux qu’il soit possible de tricher. C’est aussi une façon de gagner de la place, de conquérir des marges de manœuvre. C’est une prise de risque, et donc finalement une possible récompense.

La triche peut être préjudiciable pour une des parties en présence, mais salvatrice pour une autre. Pour celles dont il était question ce soir, on a eu plutôt l’impression que ça profitait aux travailleurs, que si c’était à faire, on le referait, et que puisque ça a marché une fois, pourquoi ne pas le refaire !

Nous n’étions pas à confesse ni au tribunal. Nous étions entre personnes qui font leur travail au mieux, et, voilà, force est de constater que ça passe parfois par de la tricherie. Qu’on se le dise !

Patrice Bride