Journal d’une bedworkeuse

Journal d’une bedworkeuse – épisode 11

Lundi 23 mars

Je manque de travail. La visio-conférence programmée à 9 heures 30 pour préparer la formation de deux jours que m’a commandée une association a été annulée. Si le travail à distance lui-même est reporté, que vais-je devenir ? En l’occurrence, le motif est louable : deux directrices d’établissements du secteur de la Protection de l’Enfance qui devaient y participer sont beaucoup trop absorbées par les situations d’enfants en danger, rendues plus délicates par le confinement, pour prendre le temps de parler formation. D’autant plus que celle-ci est programmée fin septembre. Nous avions prévu large.

Levée bien avant le jour, je commence par m’atteler au travail domestique : le panier à linge est « dégommé ». Puis je visionne quelques épisodes d’une série que ma fille m’a passée : La servante écarlate. Plusieurs personnes m’en avaient parlé en termes élogieux et elles avaient raison : c’est passionnant. Je m’interroge : y aura-t-il une série consacrée au coronavirus en mode pandémie mondiale ++ ? À moins qu’une série d’anticipation n’ait déjà été réalisée au sujet d’un élément pathogène du même type et que cela m’ait échappé !

L’après-midi, rebelote : cette fois, c’est un film policier enregistré quelques jours plus tôt, quand Canal + a eu la bonne idée de s’offrir en clair aux détenteurs d’une box. Ensuite, comme il fait beau, je sors un peu dans le jardin.

Le soir venu, je reçois un courriel de mon tout premier client, celui qui me raconte l’erreur judiciaire dont sa femme a failli être victime. Il m’envoie le contenu de plusieurs pièces du dossier que les avocats ont pu lui procurer : interrogatoires de police, attestations du voisinage, procès-verbaux. Je dois incorporer ces nouveaux éléments au manuscrit en cours façon Pierre Bellemare, c’est en tout cas ce que m’a demandé mon client. Je préfère pour ma part me glisser dans la peau d’un journaliste d’investigation reprenant l’enquête à zéro et démontant un par un tous les arguments de l’accusation et une par une toutes les calomnies qui l’ont servie.

Chic : j’aurai du travail demain !

Corinne Le Bars, écrivain public et biographe

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